Anecdote routinière par JP Song

Il était prévu que je me rende à Farafangana avec celle qui allait devenir mon épouse. Ceci se passait peu avant noël 2005, je devais aller y estimer un chantier pour une ong-centre d’accueil. La sœur de la responsable de ce centre était également notre contact à Tana dans un ministère dont nous sollicitions quelques autorisations. Les vacances de noël étant très proches elle nous proposa que nous fassions le voyage ensemble avec sa « Golf » récemment achetée et de participer au frais, j’acquiesçais bien que sachant que cela allait nous coûter beaucoup plus cher qu’un voyage système démerde. Mais avant de confirmer vraiment je lui demandais de s’assurer auprès de sa famille si la Golf tiendrait le coup car j’avais entendu dire qu’une bonne partie de la route Ranomafana-Manakara était bien pourrie. Pas de problème, la famille était très positive et n’y avait pu ka…..
Rendez vous fut donc pris à une station essence, à 8 H, nous savions qu’il nous faudrait rouler toute la nuit. Nous partîmes bien sur plus d’une heure plus tard, tradition oblige, dans une belle Golf rouge ferrari. Notre chère co-voiturière, certes très sympathique, ne devait pas avoir un permis très régulier, ce qu’elle nous confirma et de plus elle ne se servait de sa voiture que de sa maison au ministère situé à 1 km, et uniquement cela, c’était donc la première fois qu’elle s’aventurait au-delà du secteur du lac Anosy. En tout cas comme disait Coluche, si on avait eu un accident on aurait eu largement le temps de le voir venir car nous avoisinions au maximum les 50 kms/h. C’est quelques kms après être sortis de la banlieue tananarivienne que je perdis la notion du moramora et je lui fis comprendre qu’à cette vitesse là elle risquait carrément de louper les fêtes…
Le message étant rapidement passé, elle se gara quelques minutes après en me demandant si je voulais conduire, ben voyons Mme Gaston, comment que j’ai fait fissa de me mettre au volant et à partir de là, bien sur, l’histoire s’accélère. Mes accompagnatrices qui jusqu’alors jactaient abondamment ont soudainement mis leurs élucubrations en standby, moi qui ai été commercial pendant des années parcourant de multiples routes dont celles du Cantal ou de la Corrèze, je vous dis pas comme je me sentais bien au volant, et que je te bouffe de la gomme à droite, à gauche, que je te double ces 4X4 qui se la pètent, je vous passe les arrêts pipi, miamiam.
A l’intersection Fiana-Ranomafa, un trio de policiers me fit signe de me garer… Alors vazaha on est pilote au pays, ça fait quelques kms qu’on entend vos pneus… Vous êtes fort chef, effectivement je suis pilote de course… Heu ! bon ! circulez…Puis vint la partie chaotique jusqu’à Ranomafana, je compris qu’on allait en chier sérieusement, nous y arrivâmes tout de même, mais nous étions vraiment les seuls à se balader avec ce genre de bagnole. On s’est arrêté manger dans le village puis nous avons continué sur une route beaucoup plus sympa en attendant d’atteindre la seconde portion de route pourrie, la pire. Effectivement c’était l’horreur, il restait 100 kms de cette merde, je ne pouvais dépasser les 20-30 kms/h, une piste faite de vieux bouts de plaques de bitume, de morceaux de béton, de caillasses, de trous énormes.
Au bout de peu de kms une remontée de crevettes récemment ingurgitées à Ranomafana m’a stoppé net et j’en gerbais quelques unes, les autres n’étant pas loin au portillon, je dus confier le volant à sa propriétaire, après quelques autres gerbis, en roulant je m’empaffais comme une merde. Ce fut le choc qui m’a réveillé, on venait de s’éclater le carter moteur sur une roche…
Minuit, paumés en pleine pampa, pour me rassurer on me signale que ce n’est pas une région à détrousseurs…super !

Anecdote routinère fin

Graines de bitume, enfants de la rue, Tana

Mokana, orphelinat à Fianarantsoa